2007
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Caroline Masseron, « Une figure de construction entre grammaire et rhétorique : l’ellipse », Pratiques, ID : 10.3406/prati.2007.2164
Poursuivant des enjeux essentiellement didactiques, l’article s’efforce de cerner deux problématiques partiellement concurrentes, l’enseignement de la langue (la grammaire) et l’apprentissage de l’écriture (la rhétorique). L’ellipse, comme figure de construction, y est utilisée comme un analyseur des avatars historiques qui ont marqué les relations compliquées, entretenues par la phrase et le texte. L’ellipse appartient sans conteste possible au domaine de la grammaire (Dumarsais), mais à une grammaire qui, au XVIIIe, intègre (définit, illustre) les faits de style, autrement dit les écarts de construction (ellipse, inversion, hypallage, etc.) et qui procède alors à des analyses de période, qui sont plus proches du commentaire littéraire que de l’analyse logique. L’article pose un cadre d’analyse qui se décline en trois paradigmes, respectivement ceux du mot, de la phrase et du texte, qui a pour but d’une part de comprendre les transferts notionnels et les effets de concurrence ou de contradiction qui sont observables tout au long de l’histoire de la grammaire scolaire – et ce bien avant le XIXe siècle –, et d’autre part de statuer sur ce que l’on entend exactement par ellipse. Grammaticale, l’ellipse se définit comme l’absence, délibérée et remarquable, à la surface de l’énoncé, d’une forme-sens dont le segment relève d’une analyse de la pro position ; mais aussi, foncièrement dialogale, l’ellipse, comme figure contrôlée, sollicite activement un modèle interprétatif et un interlocuteur vigilant dont les connaissances et l’univers de croyance sont très proches de ceux du locuteur. Dans cette mesure, on peut aussi bien s’expliquer la fréquence des phénomènes elliptiques dans les échanges épistolaires, les dialogues et autres textos, que leur rareté dans les écrits scolaires ou les textes de savoir fortement structurés par leur objet d’étude et leur champ notionnel. En conclusion, l’article suggère que l’ellipse aide à concevoir des activités didactiques d’explicitation d’énoncés (en réception de texte) et de réécriture (en production) ; dans un cas, il s’agit de guider l’interprétation d’un texte sans introduire prématurément de métalangue, dans l’autre de favoriser des entraînements pré-rédactionnels.