1975
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Tsien Tche-hao, « La politique intérieure et les institutions chinoises après la IVe Assemblée populaire nationale », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1975.1966
Cette étude fait suite aux deux articles sur l'évolution de la politique intérieure et des institutions chinoises depuis la Révolution culturelle et après le Xe Congrès du parti communiste chinois publiés dans la présente revue (1973, n° 4, pp. 81-126 ; 1974, n° 4, pp. 5-30). La nouvelle Constitution votée par la IVe Assemblée populaire nationale consacre les principes de base posés dès :1a fondation de la République populaire de Chine (en 1949) et réaffirmés au cours de la Révolution culturelle. Le fondement théorique de l'Etat est le marxisme, le léninisme et la pensée-maotsetoung. La République populaire de Chine est définie comme un « Etat socialiste de la dictature du prolétariat dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des ouvriers et des paysans ». L'Etat chinois pratique le centralisme-démocratique. Il maintient l'application de l'autonomie régionale pour les minorités ethniques. La nouvelle Constitution mentionne en outre un certain nombre de mots d'ordre et slogans économiques apparus au cours du Grand bond en avant (1958) et de la Révolution^ culturelle, sans renoncer à poursuivre la lutte idéologique qui reste, dans l'immédiat, la lutte contre Lin Piao et Confucius. L'application de la simplification administrative a fait diminuer le nombre des personnes nommées dans les organes d'Etat. Elle a également réduit le texte constitutionnel de 106 articles à 30 articles. Il en résulte que les institutions sont décrites très schématiquement et que l'énumération des pouvoirs et fonctions est réduite à l'essentiel. Ce qui ne signifie pas que ces organes aient vu leurs pouvoirs et fonctions diminuer d'autant. Les institutions diffèrent, dans l'ensemble, assez peu de celles de la Constitution de 1954. Demeurent en place l'Assemblée populaire nationale et son Comité permanent, le Conseil des affaires d'Etat, les Assemblées populaires locales et leurs comités révolutionnaires. Les plus remarquables changements sont la suppression du poste de président de la République et l'introduction du parti dans le texte constitutionnel. La direction du parti sur tous les organes, effective mais occulte depuis 1949, est désormais « constitutionnalisée ». La nouvelle Constitution légalise les institutions nouvelles (par rapport à la constitution de 1954) que sont les communes populaires rurales (nées en 1958) et les comités révolutionnaires nés au cours de la Révolution culturelle. Les organes d'Etat, nommés ou élus, doivent incarner la triple union des personnes âgées, d'âge mûr et des jeunes. L'Armée ne joue aucun rôle administratif. Placée sous le commandement du président du Comité central du parti communiste chinois, elle doit demeurer un « corps de combat en même temps qu'un corps de travail et un corps de production ». Les Chinois ont cherché à institutionnaliser et légaliser sans figer leur société, afin de pouvoir continuer une lutte efficace contre le bureaucratisme et le « révisionnisme » toujours menaçants.