2005
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Nadège Ragaru, « Maillage communal, frontières et nation. Les imaginaires, enjeux et pratiques de la décentralisation en Macédoine », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.2005.1726
L'objet de cet article est de mettre en perspective les débats politiques et les mobilisations sociales qui ont accompagné la réforme du maillage communal en Macédoine en 2004. Le principe de la décentralisation faisait partie intégrante des accords d'Ohrid, un compromis négocié entre majorité macédonienne ethnique et minorité albanaise sous l'égide de la communauté internationale au terme du conflit de 2001. L'opposition de la majorité slave à la nouvelle délimitation des frontières municipales promue par le gouvernement a revêtu une ampleur inattendue. Comment la comprendre ? Quand on parle de découpage communal, est-ce bien de pouvoir local qu'il est question ou l'organisation des territoires mettrait-elle en cause plus que la gestion de prérogatives et de ressources rares ? L'hypothèse avancée est que les réactions à la refonte des municipalités gagnent à être abordées à travers une étude des interconnexions entre enjeux locaux, loyautés communautaires et logique étatique. Adopter une telle démarche conduit à souligner l'impact des trajectoires de construction nationale différenciées suivies par les communautés vivant en Macédoine sur les perceptions et pratiques de l'État, du territoire et des frontières dans ce pays. Le redécoupage des frontières municipales constitue par ailleurs l'un des lieux où l'on peut observer les effets complexes de la réorganisation progressive des dynamiques communautaires autour de l'opposition entre Macédoniens ethniques et Albanais sur le positionnement des « petites » minorités (turques, roms, serbes et valaques), placées dans la situation malaisée de devoir prendre position en faveur de l'un ou l'autre des principaux protagonistes.