Vieillir en immigration

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2001

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Emile Temime, « Vieillir en immigration », Revue Européenne des Migrations Internationales, ID : 10.3406/remi.2001.1761


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Résumé En Fr Es

Ageing and Immigration. Emile Temime. Immigration is by nature precarious situation and even the expression « immigrant worker » supposes that the immigrant's presence is closely linked to his professional activity. Should this activity come to an end, the condition of the immigrant appears absurd. If the immigrant literally « kills himself » at work or returns to his country of origin, there is assuredly no question of « growing old in immigration » or at least until recently, this proved to be the exception to the rule. It is therefore a new and aberrant phenomenon which has become more apparent with the transformation of work migration into settlement migration and with the general rise in life expectancy affecting immigrant workers. These men know that they will not leave the country, but in becoming inactive following an illness, long-term unemployment or retirement, they have lost their « reason to exist ». This phenomenon is irreversible and surprising, whether the immigrant lives alone or with family. The unpreparedness to handle this new life situation results in a day-to-day confusion and an intensified feeling of solitude, which is experienced differently by an individual living alone - with the prolongation of his presence in the place of residence (household or other accommodation), or for the head of the household - whose social status undergoes a radical shift in light of his new situation. These ageing immigrants therefore form a separate category, unforeseen and forgotten, but whose significance is increasing and which, today we must take into account.

Vieillir en immigration. Emile Témime. L'immigration est par nature, de caractère précaire, et l'expression même de « travail immigré » suppose que la présence de l'immigré est étroitement liée à son activité professionnelle. Que celle-ci vienne prendre fin, et l'absurdité même de la condition de l'immigré apparaît à l'évidence. Que l'on « se tue » au travail ou que l'on retourne dans son pays, il n'est assurément pas question de « vieillir en immigration ». Ou du moins s'agissait-il jusqu'ici de cas exceptionnels. C'est donc un phénomène nouveau et aberrant qui s'accentue depuis quelques années avec la transformation de la migration de travail en migration de peuplement, avec aussi, l'augmentation générale de l'espérance de vie, qui touche naturellement les travailleurs immigrés. Ces hommes savent qu'ils ne repartiront pas ; mais ils ont perdu leur « raison d'exister » en devenant des inactifs, suite à la maladie, au chômage de longue durée ou à la retraite. C'est un phénomène irréversible et surprenant, que l'on reste seul ou que l'on vive en famille. L'impréparation à ces nouvelles conditions de vie se traduit par un désarroi au quotidien, par l'accentuation d'un sentiment de solitude, qui s'exprime de manière différente pour l'individu isolé, qui prolonge son existence au-delà de la norme dans le foyer ou le meublé, ou pour le chef de famille, dont le statut social va se trouver radicalement, modifié par sa situation nouvelle. Les « vieux immigrés » forment alors une catégorie « à part », imprévue et longtemps oubliée, mais dont l'importance s'accroît et qu'il faut bienaujourd'hui prendre en compte.

Envejecer en la inmigración. Emile Témime. La inmigración se presenta precaria por naturaleza, la propia expresión « trabajo inmigrante » implica que la presencia del inmigrante se halla estrechamente ligada su actividad profesional. Que ésta venga a terminarse, lo absurdo de la condición de inmigrante aparece absurda. Que « uno se mate » a trabajar o que, por el contrario, vuelva al país, en cualquier caso no se trata de « envejecer en la inmigración ». Hasta ahora la inversa constituía casos excepcionales. Así, nos hallamos ante un fenómeno novedoso que, desde hace algunos años, se acentúa con la transformación de la inmigración laboral en inmigración de residencia y con el aumento natural y general de la esperanza de vida de los trabajadores inmigrantes. Estos hombres saben que no volverán ; inactivos, enfermos, en paro de larga duración jubilados, han perdido « la razón de existir ». Se trata de un fenómeno irreversible y sorprendente, tanto si se vive en soledad como si se realiza en familia. La falta de preparación respecto a estas nuevas condiciones de vida se traduce en un desarraigo en relación con lo cotidiano y en la acentuación del sentimiento de soledad. Este último viene dado por dos tipos diferentes de expresión : el del individuo aislado que prolonga más allá de lo habitual su existencia en el centro de acogida o en el apartamento amueblado, y el del cabeza de familia cuyo estatuto social se halla radicalmente modificado a partir de su nueva situación. Los « viejos inmigrantes » forman, así, una categoría « a parte », imprevista olvidada largo tiempo pero cuya importancia se acrecienta demostrando la necesidad actual de tomarla en cuenta.

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