1985
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Raphaël Carrasco, « Morisques et Inquisition dans les îles Canaries », Revue de l'histoire des religions, ID : 10.3406/rhr.1985.2686
Il n'y avait pas aux îles Canaries de population autochtone d'origine musulmane, mais uniquement une importante population d'esclaves ou d'affranchis originaires du nord-ouest de l'Afrique. Ce groupe de nouveaux chrétiens issus de Mores était divisé en deux communautés bien distinctes : les anciens, ou « morisques autochtones », parfaitement assimilés, souvent riches et occupant des charges d'administration et de justice ; les nouveaux venus aux origines encore visibles, exerçant de petits métiers. Les inquisiteurs, qui dénoncèrent souvent les pratiques islamiques de cette population fraîchement baptisée, surtout à Lanzarote où elle était majoritaire, ne déployèrent cependant aucun zèle pour y mettre fin. L'Office, languissant et corrompu, isolé, trop sensible aux séduisantes pressions des clientèles, laissa faire les Morisques et ne surveilla de près que les nombreux protestants du Nord, pour des raisons plus économiques et politiques que religieuses.