2006
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Florence Bancaud, « La Neuromantik : une notion problématique », Romantisme, ID : 10.3406/roman.2006.6459
Ce n’est pas à la fin, mais au début du XIX e siècle que le terme de Neuromantik a été forgé pour désigner, en des termes souvent très dépréciatifs, le romantisme français. Ce n’est qu’à la fin du XIX e que la notion désigne un mouvement anti-naturaliste et symboliste et un retour au romantisme qui cristallise le divorce entre le sujet et le monde, le décalage profond entre l’expérience et la pensée. La Neuromantik, associée aux noms de l’éditeur Eugen Diederichs, de Ricarda Huch, d’Hofmannsthal, de Hauptmann, mais aussi des jeunes Rilke, T. Mann et Hesse, marque un refus de la spécialisation et de la rationalisation liées à l’essor du capitalisme, le rejet de la laideur de la technique au profit de la beauté du rêve et de l’imaginaire et une volonté de retour à la totalité et à l’origine. Elle oppose au culte du fait des naturalistes la fascination pour le possible, aux lois de la causalité et à la vocation de témoignage l’autonomie de l’art, le désir irrationnel de dépassement de toutes les limites qui fondera aussi l’esthétique expressionniste. Mais il faut moins voir dans la Neuromantik un retour régressif au romantisme du début du siècle qu’une rébellion, un acte de non résignation au réalisme, une prise de distance critique par rapport à la modernité qui permet ensuite à des écrivains comme Rilke, Hofmannsthal, Hesse ou T. Mann de dépasser le pur épigonalisme pour développer une oeuvre et un style originaux.