1985
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Stathis Damianakos, « Banditisme social et imaginaire pastoral en Grèce (XIXe — début XXe siècle) », Études rurales, ID : 10.3406/rural.1985.3071
Prolongation de la vieille tradition des clephtes et des armatoles de l'époque ottomane et incarnation d'une vocation hégémonique locale au même titre que ces derniers pour l'ensemble de la Grèce continentale, le banditisme social devient, de la création de l'état hellénique au début du XXe siècle, le lieu privilégié d'un double conflit : d'une part celui qui oppose la logique de l'État centralisateur à l'ancien ordre des autonomies communales dont le chef-bandit est dorénavant le défenseur légitime ; ceci grâce notamment à la solidité de ses assises locales, son pouvoir hoplique et son prestige assuré à la fois par le rôle qu'il a joué dans les mouvements irrédentistes jusqu'au lendemain de la première guerre mondiale, et par son image de justicier auprès des masses paysannes opprimées. D'autre part, le conflit entre sociétés agro-pastorales transhumantes (source de recrutement et milieu d'accueil par excellence du banditisme) et grands propriétaires terriens ou pouvoirs publics, à propos, essentiellement, des conditions d'accès aux pâturages et de la question des terres nationales. Le monde agro-pastoral est lié au banditisme par un certain nombre de complémentarités fonctionnelles et d'homologies structurelles qui se manifestent aussi bien dans le domaine du mode de vie et des rapports avec l'espace, que dans celui des pratiques culturelles, de l'univers moral ou des principes d'organisation internes à la bande et au tseligato. L'imaginaire pastoral, très fortement marqué par le banditisme, s'exprime à travers de nombreux chants saracatsans qui lui sont consacrés et qui témoignent des conflits en question, en même temps que de certaines valeurs sociales communes aux pasteurs et aux bandits.