1987
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Christiane Bougerol, « L'involontaire retour des morts aux Antilles », Études rurales, ID : 10.3406/rural.1987.3192
Aux Antilles françaises, l'ensorcelé pense que pour le persécuter son sorcier lui a envoyé un "mort". Cet agent de persécution, déplacé du royaume des morts, est animé du seul désir de nuire du sorcier. Nous nous interrogeons ici sur le statut de ces défunts qu'un humain peut manipuler. Les morts, qui se confondent rapidement dans un conglomérat (un stock) de disparus où ils perdent leur personnalité, leur identité sociale et leur intentionnalité. ne sont pas des ancêtres. Ils réfléchissent quelque chose de l'histoire sociale antillaise, celle d'une société en rupture avec son passé qui est le fait de gens déplacés, non territorialisés. Cette maniabilité des défunts trouve sa meilleure illustration dans la figure haïtienne du zombi ou mort vivant, nous la rapprochons de celle du "mort" des Antilles françaises. L'une et l'autre sont des créations culturelles typiques des Amériques noires et peuvent être considérées comme des représentations symboliques des esclaves transplantés d'Afrique.