2007
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Laurence Loeffel, « Morale laïque et démocratie », Spirale - Revue de recherches en éducation, ID : 10.3406/spira.2007.1255
La morale laïque et la mise en oeuvre d’une éducation morale scolaire non confessionnelle ont constitué une des principales innovations de l’école républicaine à la fin du XIX e siècle. Supprimée des programmes en 1969, elle n’a laissé aucun héritage. Le fait est suffisamment singulier pour être souligné. Alors qu’elle portait presque à elle seule le volontarisme républicain, elle n’aura pas même légué le souci d’une éducation morale scolaire. Elle a fait place, depuis une vingtaine d’années, à une «éducation à la citoyenneté » qui, de la maternelle à la terminale, se soucie de la formation du jugement de l’élève. Cet effacement d’un héritage pourtant conséquent peut être interprété en termes de tension entre les fins de l’individu et les fins de la société, tension qui travaille toute démocratie dans son principe même. Cette tension a été au coeur des difficultés de conception et de mise en oeuvre de la morale laïque scolaire, elle s’exacerbe en contradiction dans la querelle Durkheim/ Piaget dont l’issue annonce la fin de la morale moralisante, de l’éducation de la conscience, au profit de la formation du jugement de l’individu-enfant.