2005
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Catherine Saliou, « Identité culturelle et paysage urbain : remarques sur les processus de transformation des rues à portiques dans l’Antiquité tardive », Syria. Archéologie, Art et histoire, ID : 10.3406/syria.2005.8692
Dans le second tiers du XXe siècle, des observations réalisées à Alep et Lattaquié ont permis à Jean Sauvaget de proposer un schéma d’évolution des rues à portiques des villes antiques du Proche-Orient aboutissant, au terme d’empiétements multiples, à leur métamorphose en souks. La validité de cette séquence descriptive a été mise en évidence par les travaux archéologiques plus récents. Cette évolution est ordinairement traitée comme le symptôme d’une mutation culturelle profonde aboutissant à la désagrégation des cadres spatiaux de la cité hellénistico-romaine. Pourtant, la lecture des sources littéraires et juridiques conduit à voir dans une partie au moins des phénomènes affectant les portiques de rues dans l’Antiquité tardive l’expression de dynamiques internes, à l’oeuvre dans le droit et les représentations normatives du monde romain. Sont ici présentés trois dossiers concernant respectivement Antioche de Syrie au IVe siècle, Constantinople au Ve siècle et l’empire de Justinien. L’utilisation de l’espace du portique fait partie, dès le début de l’Antiquité tardive, des usages normaux de l’espace urbain, régulés et contrôlés par le pouvoir. Une telle possibilité d’occupation de l’espace public a des précédents au Haut Empire et se trouve prise en compte par le droit romain classique. Ces observations conduisent à nuancer les interprétations de la transformation des rues à portiques en termes de rupture. La documentation textuelle met aussi en évidence la diversité des aménagements des portiques et des situations locales. Le détour par les textes montre enfin la nécessité d’une synthèse archéologique précise, qui devrait porter sur l’ensemble du monde romain.