22 juillet 2020
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Denis Jamet et al., « What Makes Metaphors Manipulative Tools? », ELAD-SILDA, ID : 10.35562/elad-silda.884
Le concept de manipulation implique qu’il y a un choix conscient des locuteurs qui permet de déclencher un changement d'opinion chez les interlocuteurs et de leur faire accepter leur propre point de vue, c'est-à-dire leur propre vision du monde. Comme le soulignent Goatly [2007], Charteris-Black [2005, 2014] ou Van Dijk [1998], les métaphores peuvent être utilisées comme des outils de manipulation. Les métaphores sont traditionnellement considérées comme des figures de style utilisées par les rhétoriciens pour convaincre les foules ; les cognitivistes ont démontré qu'elles sont également des figures de pensée, ce qui explique en partie leur potentiel manipulatoire. Les trois raisons sous-jacentes à cela sont, entre autres, le processus de highlighting-hiding, l'existence de métaphores asymétriques et la multivalence des métaphores. Le potentiel manipulatoire des métaphores est étudié dans douze discours de pro-lifers, ou militants anti-avortement, de 2006 à 2019. L'un des principaux débats idéologiques contemporains aux États-Unis porte sur l'avortement, dans la mesure où le mouvement pro-life s’est renforcé ces dernières années et où il menace le droit à l'avortement garanti par l'arrêt de la Cour Suprême Roe v. Wade. L'étude des métaphores dans ces discours nous a permis d'étudier comment les pro-life manipulent la manière dont leurs interlocuteurs appréhendent la réalité, en recourant systématiquement à un nombre limité de conceptualisations.