January 30, 2023
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Frédéric Montégu, « Cy Twombly et le dépaysement de l’écriture », Textures, ID : 10.35562/textures.275
Dans le travail pictural de Cy Twombly, nous voyons apparaître des éléments récurrents au regard de l’écriture : dessins, griffonnages, traits, mots lisibles ou non. Sans qu’il s’agisse pour autant d’un travail calligraphique, son œuvre picturale est comme imprégnée d’écriture, de verbes, de mots anglais, français, italiens, latins, ou non déterminés. Cy Twombly dit à sa manière que l’essence de l’écriture n’est ni une forme ni un usage, mais seulement un geste, le geste qui la produit en la laissant traîner : « un brouillis, presque une salissure, une négligence » selon Roland Barthes. Dans sa peinture, lorsque l’écriture est visible, elle peut faire référence à la culture antique, à la mythologie, à une ville, un livre, voire à un personnage spécifique. Mais, la surface peut tout aussi bien redevenir écoulement des formes, fluctuations liquides, tâches, gribouillis informes, couleurs et coulures plastiques annihilant tout enjeu linguistique. Comme si ce peintre se situait à la fois dans une apparition / disparition de l’écriture, comme si la peinture redevenait tout d’un coup un pur champ / pan plastique, « all over », comme si la matérialité de la peinture (le signifiant plastique) finissait par engloutir tout signe linguistique.