18 octobre 2019
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1565-8961
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Patrick Charaudeau, « De l’état victimaire au discours de victimisation : Cartographie d’un territoire discursif », Argumentation et analyse du discours, ID : 10.4000/aad.3408
La qualification de victime n’est pas neutre. Il faut, pour qu’un sujet relève du statut de victime, qu’un jugement soit porté par la personne ayant subi un dommage ou par un tiers ayant observé l’état de la personne en question. Ce jugement prend en considération deux choses : l’état de la personne ayant subi un dommage, la nature du processus qui a engendré ce dommage. On commence par étudier l’état de la personne considérée comme victime, qu’on appelle « état victimaire », puis la nature de ce processus, qu’on appelle « discours de victimisation ». Mais dans les deux cas, on a affaire à un rapport de subjectivité : le rapport que le sujet entretient vis-à-vis du dommage subi et de l’agression, c’est-à-dire son rapport à la souffrance. On est donc amené à rappeler la problématique de l’émotion dont dépend le jugement victimaire, comme combinaison entre affect et raison.