15 avril 2010
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Grégory Corroyer et al., « Communicabilité des droits de l’homme : la Déclaration Universelle et sa mise en texte », Argumentation et analyse du discours, ID : 10.4000/aad.789
Dans quelle mesure la condition textuelle de la Déclaration des Droits de l’Homme intéresse-t-elle son statut public, et la portée universelle de sa question : celle de l’humanité dans l’homme et de ses droits ? L’article se propose d’illustrer l’apport qu’une philosophie de la communication étendue du dialogue au texte peut présenter à cet égard pour l’analyse du discours et de l’argumentation. Il s’agit d’appréhender le texte de la DUDH en tant que relation communicative dans le cadre rhétorique d’une adresse à un public. Après avoir montré l’importance du « devoir de dialogue » dans l’approche des droits de l’homme (Ethique de la discussion ; Nouvelle Rhétorique), l’article met en évidence l’intérêt d’un recours à l’analyse dialogique de l’interlocution pour restituer la dimension des concepts de « signifiance », « dialogisme » et « communicabilité », mais aussi pour les étendre au texte considéré comme communication publique virtuelle. La textualité est abordée à partir de la relation d’interrogation conjointe entre un auteur et un lecteur, invité à s’installer dans le « monde du texte » construit selon des catégories indiquant ce qu’il convient de chercher ou de promouvoir dans la réalité. On part de l’hypothèse selon laquelle le texte de la DUDH constitue une communication in absentia entre ses instances pragmatiques : une Autorité responsable et un Lectorat élargi aux dimensions d’une humanité, mise en question dans le texte comme « chose publique » (res publica). Le monde possible construit par la DUDH repose sur la question « catégoriale » d’une réalité humaine essentielle mise en cause dans une existence toujours menacée par la barbarie, à laquelle répondent les droits en tant que propositions « catégoriques ». Ce dispositif textuel soutient tant l’effet déclaratif que la communicabilité publique des droits de l’homme, donc leur universalité possible.