17 novembre 2016
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0399-0826
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2108-6443
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Anne-Sophie Aguilar, « De la représentation à la recréation : l’expérience immersive du Panorama de la guerre (1916) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, ID : 10.4000/abpo.3396
Cet article s’intéresse au Panorama de la guerre, projet proposé en avril 1916 au ministère des Affaires étrangères par un collectif d’artistes, et destiné à servir la propagande française dans les pays neutres, en particulier aux États-Unis. Noël Dorville (1874-1938) et Émile Othon Friesz (1879-1949), à l’origine du projet, imaginent d’intégrer ce panorama itinérant à un surprenant « camp de la guerre » (ou War fair) accueillant des attractions militaires. Après avoir étudié les buts politiques du Panorama de la guerre – la démonstration des « crimes allemands » à travers la mise en scène d’épisodes empruntés à une iconographie assez convenue de la propagande française –, nous nous attardons sur l’intérêt du panorama en tant que média de masse susceptible de convaincre une audience lointaine de s’engager dans la guerre. Selon les promoteurs du projet, au-delà des « impressions fugaces et floues du Cinématographe », le Panorama de la guerre propose une expérience immersive transfigurée par l’art, conçu comme le seul moyen d’accéder à la réalité d’un conflit irreprésentable. Enserré dans un véritable cirque de la guerre alternant attractions foraines et images édifiantes, ce dispositif – qui restera à l’état de projet – relève à la fois de l’œuvre d’art totale chère au xixe siècle et du média de masse du xxe siècle, et entend affronter les défis posés par la représentation de la guerre moderne.