11 septembre 2020
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David Celetti, « Arsenaux, chanvre et paysans », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, ID : 10.4000/abpo.6267
Dans le contexte historique de la marine à voile, où le chanvre était une matière stratégique pour l’industrie navale, l’étude analyse, dans une perspective diachronique (xve-xixe siècles) et comparative, deux modèles différents de culture de cette plante textile. Le premier est le modèle vénitien, qui repose sur une intégration forte entre arsenal et production de la matière première, développée à partir du xve siècle sur la partie méridionale de la province de Padoue, et gérée directement par les administrateurs du chantier naval d’État. L’autre, typique des provinces de Bologne et Ferrara, est, au contraire, fortement tourné vers l’exportation et se développe dans le cadre des rapports de métayage typiques des ces terres. La contribution démontre que les résultats des deux modèles dérivent essentiellement des diverses relations entre propriétaires fonciers et paysans. Les propriétaires bolognais, en particulier, ont la possibilité de transférer sur les cultivateurs l’essentiel des coûts, et des risques de production, tout en s’assurant la plus grande partie de la valeur ajoutée dans un contexte de contrats de fermage avec partage ou métayage. Dans la Vénétie, au contraire, le chanvre récolté doit être cédé à l’arsenal à un prix imposé. L’option vénitienne, si elle ne peut assurer la qualité des récoltes de Bologne et Ferrare, n’est pas, toutefois, irrationnelle du point de vue de l’État qui s’assure des livraisons régulières et avantageuses de chanvre, et peut, par ce biais, contenir les prix de marché en mouvant une concurrence « par le bas » aux producteurs étrangers.