11 juillet 2019
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Dinah Ribard, « La transmission biographique », L’Atelier du Centre de recherches historiques, ID : 10.4000/acrh.10033
Les individus qui peuvent faire l’objet d’un travail d’ordre biographique viennent à nous avec leur biographie : avec des informations biographiques déjà élaborées, déjà écrites, souvent déjà écrites plusieurs fois. Même dans le cas des femmes, des gens du peuple, des artistes ou hommes d’affaires les moins connus, du récit de vie est presque toujours, pour ne pas dire toujours déjà là. Cette réalité crève les yeux. Elle est rarement prise en compte dans la réflexion sur la biographie et sa place dans la pensée et la perception actuelles de l’histoire : l’idée, dont tout le monde convient, que les analyses biographiques d’aujourd’hui, centrées sur les singularités et les spécificités, diffèrent profondément des anciennes Vies exemplaires, tend à masquer ce fait de la transmission biographique. Or celle-ci informe en profondeur notre rapport aux sources disponibles pour travailler sur les individus ; mieux vaut en tenir compte pour réfléchir. Cette contribution porte sur l’élaboration biographique de la figure du premier poète ouvrier français, Adam Billaut, dit le Menuisier de Nevers (1602-1662), de la parution de son premier recueil de poésie, Les Chevilles (1644) jusqu’au tout début du xixe siècle. Elle explore la manière dont les préfaces, les notices, les articles de dictionnaires, ou encore les deux pièces de théâtre composées sur l’histoire d’Adam Billaut entre Révolution et Empire, travaillent la question historique de la littérature des ouvriers