15 janvier 2020
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Ivanne Rialland, « Douanier Rousseau et les poètes : éloge du non-savoir ? », L’Âge d’or, ID : 10.4000/agedor.3217
Dans la consécration du Douanier Rousseau, artiste dit « naïf », un rôle déterminant a été joué par un petit groupe d’avant-garde : Guillaume Apollinaire, André Salmon, et plus largement les artistes gravitant autour de l’atelier montmartrois de Picasso, le Bateau-Lavoir. Pour Bourdieu, notamment, cette avant-garde artistique aurait fabriqué artificiellement la réputation du candide Rousseau, objet d’un « culte parodique ». La polémique s’est cristallisée autour du banquet qui lui a été offert au Bateau-Lavoir en 1908, souvent interprété comme une farce cruelle : après un retour sur l’interprétation de ce banquet, nous examinerons les écrits consacrés au peintre par Apollinaire et Salmon afin de proposer une analyse précise de la place accordée à Rousseau dans l’esthétique des deux poètes-critiques d’art. Objet d’éloges sincères, ferment d’une révolution esthétique, Rousseau n’est toutefois pas admiré sans réserves par les deux amis pour qui son œuvre reste marginale, source de renouvellement sans pouvoir s’inscrire pleinement dans l’histoire de l’art.