12 octobre 2021
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Judite Rodrigues, « Écopoèmes : le parti pris de voir l’urgence », L’Âge d’or, ID : 10.4000/agedor.5910
L’œuvre du poète espagnol Jorge Riechmann (Madrid, 1962) nous rappelle que nous sommes aujourd’hui impérieusement requis de penser l’urgence du « Nouveau Régime Climatique » (Bruno Latour). Dans ses recueils, Riechmann semble nous dire que le statu quo et l’anosognosie ont fait leur temps. Son écriture se fraye une voie entre les rochers des certitudes et des aveuglements qui régissent notre arrogant XXIe siècle. Face aux défis sociaux-écologiques et aux inouïs de violence qui assaillent nos mondes contemporains, le poète fait sa part : « La poesía y el arte no pueden casi nada : pero ese casi nada es esencial no dejar de intentarlo » (Tuits para el siglo de la Gran Prueba). Le recueil Con los ojos abiertos (ecopoemas 1985-2006), objet d’analyse dans cet article, s’inscrit dans cette urgence du moment : une urgence tout à la fois politique, sociale et écologique. On interrogera ici la poétique de l’effondrement : quelles stratégies sont mises en place pour rendre compte de ce nouveau régime climatique ? Quels mécanismes entrent en jeu pour faire prendre conscience de l’urgence ? Quel est le rôle de la poésie pour rendre sensible et « donner des figurations vivaces » de la dégradation des environnements ?