15 avril 2020
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Marion Girard-Laterre, « L’objet et l’acteur au corps à corps : une enveloppe corporelle commune dans la pratique d’Ilka Schönbein », Agôn, ID : 10.4000/agon.2066
Le présent article se donne pour objet d’interroger le rapport entre l'objet et le corps du manipulateur au sein des spectacles d'Ilka Schönbein. Celle-ci qualifie sa technique de « masque de corps » : masques ou prothèses portant l’empreinte de son visage, de ses membres, de son torse, la plupart réalisés par moulage. Le corps d’Ilka Schönbein dessine alors l’espace de jeu de la marionnette, il constitue l’espace « vivant » de la marionnette. La main n’est plus seulement le nœud entre le corps et la marionnette. Le corps se fait corps-castelet chez Ilka Schönbein. Dans sa pratique, l’objet marionnettique est à la fois une marionnette dotée d’une identité propre et une déformation du corps de la manipulatrice. Dans ce corps à corps, entre la marionnette et la marionnettiste, l’acteur constitue avec l’objet un seul organisme : il s’agissait de mettre au jour le corps produit par cette union. La métamorphose suppose que tout est mouvant. À l’aide de l’objet-prothèse, Ilka Schönbein crée une dynamique du corps : un corps en perpétuelle autoconstruction et autodestruction interne. Le corps réel ici ne change pas, l’imaginaire seul le réinvente. Le corps produit par Ilka Schönbein est celui d’un être qui s’oppose à une définition monolithique de son identité, qui accepte les multiplicités dont il est composé : on passe ainsi du corps objectif à un corps habité.