17 novembre 2021
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Keti Irubetagoyena, « Le crayonné de l’interprète », Agôn, ID : 10.4000/agon.8324
Parce qu’il est à la fois exposition de soi et travail sur/avec soi, l’acte de jouer entretient un double rapport au verbe « rater ». En tant qu’exposition de soi, jouer demande de savoir prendre des risques (sortir du socialement correct, du policé de notre présence au monde est une prise de risque, un dérapage contrôlé) et se frotter, par conséquent, à la possibilité de l’échec. En tant que travail sur/avec soi, cela revient à accepter de rendre publique une expérience de vie, parfois mesquine, laide ou triste, ou en colère, visible sur les corps où elle laisse des traces, dont se chargent inévitablement nos présences scéniques. Aussi, ne pas craindre d’échouer ou de révéler ses failles fait partie intégrante de la formation puis de l’entraînement de l’interprète dramatique. Dans une société où la réussite est valorisée au-delà de tout, rater sans honte et aimer ses ratés exige non seulement un réapprentissage mais une remise régulière sur le chantier.