12 janvier 2016
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Philippe Bourdin, « Démocratie tronquée, Convention transparente. Les Deux Tiers au crible des déclarations individuelles d’état-civil et de patrimoine », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10.4000/ahrf.13632
À l’heure de se séparer et d’appliquer le décret des deux-tiers, les conventionnels doivent se compter, ce qui les incite à déclarer leur état civil, leur raison familiale et sociale. Devant les attaques des milieux royalistes, ils doivent aussi prouver leur vertu, et décident en vendémiaire an IV de rendre publics leurs revenus et leur patrimoine. Les listes établies, surtout les secondes, sont incomplètes – des ténors des tribunes se font des plus discrets. Elles en disent pourtant long sur les conséquences des purges politiques, qui ont remis progressivement en cause le vote de 1792 et déséquilibré les représentations départementales. Elles permettent de dessiner une sociologie de la Convention, une hiérarchie et une structure des fortunes. Celles-ci ne reposent pas uniquement sur la terre, mais aussi sur des investissements financiers, et sur une grande habitude des échanges et des transferts de capitaux, avant même les opportunités offertes par la vente des biens nationaux. Enfin, les tableaux familiaux qui en ressortent en disent long sur la pyramide des âges, sur le poids du célibat, sur la partition sexuée des fonctions ou le partage de la misère politique et pécuniaire quand l’inflation de l’an III rend très difficile la vie à Paris.