31 octobre 2016
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Marie-José Laperche-Fournel, « Entre Suède, Alsace, Paris et Versailles, les Lœwenhaupt au XVIIIe siècle : une identité hybride », Revue d’Alsace, ID : 10.4000/alsace.2541
Cosmopolite et francophile, telle est au XVIIIe siècle l’aristocratie suédoise à laquelle appartient le comte Adam de Lœwenhaupt. Issu d’une famille illustre et cousin du maréchal de Saxe, en 1742, dans un contexte troublé, il quitte pour la France les rives de la Baltique, lieu de fortes migrations nobiliaires ; établi en Alsace où il épouse sa cousine, la baronne de Sainclair, il termine ses jours à Paris en 1775. Sur quelles bases, cette noblesse transnationale fonde-t-elle son identité ? Servant le roi avec fidélité, naturalisés, fréquentant la cour et les salons parisiens, le comte et ses apparentés semblent socialement et culturellement intégrés. Mais suédois, ils sont aussi luthériens. Désormais isolés en terre catholique, pour préserver leur rang et protéger leur confession, ils finissent par rétrécir au cercle de la parenté le jeu des alliances affichant par là même leur refus de se fondre dans la communauté d’accueil. En Alsace, Lœwenhaupt, « homme de guerre », face à Dietrich, son voisin, « baron du fer », affiche aussi sa singularité. Face aux valeurs bourgeoises qu’incarne ce dernier – le talent et l’argent ; des valeurs qui séduisent pour une large part la grande noblesse française –, le comte, à l’instar des petits nobliaux de province, réaffirme hautement les siennes, la naissance et l’honneur. Noblesse cosmopolite ouverte à des courants contradictoires, ces Suédois expatriés, les yeux rivés vers leur patrie, se forgent à l’étranger une identité hybride.