22 décembre 2021
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Zoé Brioude, « Quand l’air reprend son souffle », Ambiances, ID : 10.4000/ambiances.4142
Sur le plateau de Philippe Quesne, hiérarchies humaines et linéarité de l’action sont déstructurées : l’anthropocentrisme ne règne plus et le monde scénographié existe pour lui-même. Les choses et les corps peuvent libérer des extases, pour former ce que Böhme a appelé des atmosphères esthétiques. Ni objectives, ni subjectives, elles brouillent les frontières entre sujets et objets, actants et actés, et ouvrent à un nouveau matérialisme qui prend résolument le parti de la matière, contre le matérialisme économique anthropocentré, dans le contexte de la crise écologique. Dans cette ontologie reconfigurée, les personnages d’idiots tout à fait rossetiens qui peuplent le Vivarium Studio empruntent à l’air, élément favori de Philippe Quesne, l’allégresse qui leur permet d’approcher au plus près le réel et sa vérité tragique : il n’y a et n’y aura que cela, le réel. Un auteur de science-fiction donne le ton : « Le futur qui nous attend est celui que nous créons. Vous feriez mieux d’y croire. ». Le compromis paradoxal entre approche métaphysique et approche matérialiste du réel, que nous nommons « métaphysique du sensible », est le symptôme d’un art qui a renoncé à la transcendance et se met au diapason du crépuscule pour lutter contre la fin du monde en douceur.