21 février 2020
https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Le Goff Charles-Élie, « Écrire l’histoire dans La forma de las ruinas (2015) de Juan Gabriel Vásquez : frictions et fiction », Amerika, ID : 10.4000/amerika.10550
Depuis son roman Los informantes (2004), l’œuvre de Juan Gabriel Vásquez est traversée par une obsession pour l’histoire tourmentée de son pays, la Colombie, et La forma de las ruinas (2015) s’emploie à remonter les fils embrouillés de ce passé encore douloureux pour tenter de les démêler. Il y est question du vingtième siècle qui a été meurtri, entre autres, par les assassinats de deux candidats en passe de remporter les élections présidentielles : Rafael Uribe Uribe, tué en 1914, et Jorge Eliécer Gaitán, le « Kennedy colombien », en 1948. Ce roman marque néanmoins une rupture avec le reste de l’œuvre puisque, pour la première fois, Juan Gabriel Vásquez s’y représente lui-même, garantissant ainsi pour les lecteur.rice.s un accès privilégié aux conflits internes d’un narrateur qui incarne les antagonismes de la société colombienne toute entière. L’article se propose d’analyser les modalités de transcription de l’histoire choisies pour restituer un passé protéiforme et dont les plaies peinent à se refermer. En d’autres termes, nous nous demanderons comment la littérature peut saisir toute l’épaisseur des conflits non résolus et mener les lecteurs.rice.s vers d’autres façons d’appréhender l’histoire.