19 octobre 2015
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Geneviève Girard-Gillet, « A posteriori modality, implicative modality by abduction. A case study: he must have been drunk to have said that », Anglophonia, ID : 10.4000/anglophonia.497
Dans le cadre des travaux sur la modalisation, la construction « he must have been drunk to have said that » a été peu étudiée, bien qu’elle ait été mentionnée par P. Larreya, G. Furmaniak, E.Gilbert, entre autres. Elle présente la particularité d’exprimer, sous la forme d’une infinitive, un événement antérieur dont l’énonciateur cherche à comprendre la cause, et qu’il exprime par un énoncé modalisé. Nous élargissons ici le concept de modalité a posteriori, tel qu’il est défini par Larreya (2000, 2009), pour inclure les cas où l’événement qui déclenche la prise de position de l’énonciateur est linguistiquement exprimé et non présupposé, cette prise de position ayant lieu a posteriori. La construction est très contrainte et exige la présence d’une forme modale épistémique. Elle se distingue en cela de constructions plus étudiées telles que « John was stupid to refuse the job » (Stowell, Kertz, Desurmont). C’est la nature du lien cause-conséquence qui permet de construire une interprétation possible de cette construction, et nous considérons que cette inférence se fait par abduction (Pierce 1974, Desclés 2000). Cela explique à la fois sa rareté et son caractère hautement expressif, dans la mesure où le raisonnement par abduction ne donne que des conclusions plausibles, que l’énonciateur doit affirmer comme ses propres conclusions. La construction fonctionne comme un tout (syntaxe, lexique, phonologie), qui construit sa propre signification, mise en place par la réconciliation de situations discordantes par l’énonciateur. Elle est un signe d’humour, de moquerie, parfois, mais toujours d’un grand étonnement quant à la participation d’un certain individu dans l’événement constaté.