7 février 2018
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Debashish Sen et al., « The Introduction of SRI in Uttarakhand, India », Anthropologie & développement, ID : 10.4000/anthropodev.595
Cet article discute les représentations du système de riziculture intensive (SRI) – un ensemble de principes agronomiques promus comme méthode de riziculture durable – vis-à-vis de trois notions clés du développement agricole: rendements, durabilité et adoption par les agriculteurs. Nous soutenons que c’est par le biais d’affirmations exagérées (qu’elles soient positives ou négatives) sur le lien entre SRI et ces trois notions, que le SRI a acquis des attributs mythologiques. Contrairement à l’interprétation populaire qui voit dans les mythes « des fausses croyances », nous adoptons une perspective anthropologique sur les mythes en les conceptualisant comme des récits qui créent du sens et motivent l’action. C’est par ces récits que le SRI a été associé à des discours dominant le secteur du développement sur la sécurité alimentaire et l’agriculture durable et, ce faisant, passant sous silence les processus complexes qui déterminent les pratiques rizicoles et réduisant le SRI à une solution technopolitique. Nous soutenons que ces visions restrictives du SRI (et des technologies en général) contribuent à l’écart entre les mondes de la science et de la politique, d’une part, et les réalités des agriculteurs, d’autre part. À l’aide d’une étude de cas sur les changements dans les pratiques d’ensemencement et de transplantation de cultivateurs de riz dans le nord de l’Inde, nous montrons que les agriculteurs utilisent aussi des récits mythologiques, mais de manière beaucoup moins contraignante. Les récits de développement en tant que mythes (au sens anthropologique) peuvent aider leurs communautés à faire face au changement, sans qu’ils soient basés sur des solutions prédéfinies.