1 juin 2020
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Alain Ehrenberg, « L’idéal du potentiel caché. Le rétablissement, le rite et la socialisation du mal », Anthropologie & Santé, ID : 10.4000/anthropologiesante.6059
Dans cet article, je décris les changements intervenus dans les représentations collectives et les idéaux sociaux que « l’idéal du potentiel caché » agrège, changements par lesquels le statut du malade mental ou cérébral est devenu celui d’un partenaire moral. En examinant ces changements, le but, à la fois descriptif et conceptuel, est de mettre en lumière ce qu’on peut appeler les attitudes individualistes à l’égard de la contingence. Ces attitudes consistent en certaines manières d’agir sur ce que l’on subit. Le potentiel caché résulte de la rencontre de la désinstitutionalisation – qui a eu pour conséquence que la majorité des personnes atteintes de maladies psychiatriques lourdes sont maintenant prises en charge, non à l’hôpital (qui figure l’institution), mais en ambulatoire – et de façons d’agir imprégnées de représentations collectives de l’autonomie. La compréhension de ces changements implique de mettre en rapport les représentations collectives les plus générales – c’est-à-dire les idéaux sociaux communs – et les concepts scientifiques, médicaux et psychologiques plus spécialisés.