11 juillet 2019
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Pierre Crétois, « Moins de biens pour plus de liens : Jean-Jacques Rousseau, décroissanciste avant l’heure ? », Astérion, ID : 10.4000/asterion.3871
Si Rousseau a écrit bien avant les développements actuels de l’économie capitaliste, reste qu’il en pressent nombre de conséquences. Le rapprochement entre sa philosophie et l’approche décroissanciste éclaire tant son approche que la généalogie d’un mouvement. Rousseau, en promouvant la petite propriété autarcique, cherche à échapper à la logique marchande. La diminution du commerce semble avoir pour ambition première de libérer les rapports humains des contraintes de l’échange intéressé afin de promouvoir des relations non aliénées. Aussi nous nous efforçons de rapprocher Rousseau de la pensée décroissanciste contemporaine pour reprendre au compte du Genevois l’expression d’Émeline De Bouver : « moins de biens, plus de liens ». Le principe de la « simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance » anime le mouvement décroissanciste. L’objectif des décroissancistes est de faire primer la gratuité, les relations non marchandes, sur la logique de la consommation et la marchandisation de tous les aspects de la vie et des rapports humains. Jean-Jacques Rousseau cherche d’une manière proche à réduire les échanges marchands et à favoriser une certaine forme d’autarcie économique non parce qu’il souhaite supprimer les échanges, mais parce qu’il veut maintenir intactes les relations de confiance, d’amitié et d’intimité qui sont autant de sphères que l’échange marchand risque toujours de pervertir dès qu’il s’y introduit.