17 novembre 2015
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Isabelle Rivoal, « « Vouloir de la politique » », Ateliers d'anthropologie, ID : 10.4000/ateliers.10010
Comme dans l’ensemble du monde arabe, la jeunesse au Liban désigne une période de la vie située entre l’enfance et l’âge d’homme qu’inaugurent généralement le mariage, la naissance des enfants et l’ouverture de sa propre maison. Dans cette société marquée par le confessionnalisme, la jeunesse se singularise toutefois par sa très forte politisation. À partir d’une ethnographie de la socialisation partisane des jeunes druzes, l’article montre comment les jeunes se « détachent » de leur positionnement familial pour devenir « l’armée du président [Walid Joumblatt] ». Les jeunes s’investissent alors dans les camps de vacances, les instances universitaires, les réunions du parti pour « apprendre » la politique : cet apprentissage passe par la lecture des écrits de Kamal Joumblatt, les discussions politiques, l’implication dans les activités partisanes, la « surveillance » du territoire, la disponibilité pour rendre visible la présence du parti. Alors que la relation entre les chefs de famille et Walid Joumblatt, le seigneur (bek) de la Montagne, est extrêmement codifiée lors des visites traditionnelles, la relation entre Walid Joumblatt, en tant que président du PSP, et les jeunes est marquée par la familiarité et la complicité. Le leader politique est un « oncle maternel » qui inspire et qui guide les jeunes, prêts à mourir pour lui, tandis qu’il est prêt, de son côté, à mourir pour la « cause » qu’il représente.