Alors vint la nuit…

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3 juillet 2020

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Cédric Becquey et al., « Alors vint la nuit… », Ateliers d'anthropologie, ID : 10.4000/ateliers.13380


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Au cours des deux dernières décennies, le séminaire « Anthropologie de la nuit » du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative s’est donné pour tâche d’inscrire la nuit comme un domaine de recherche de plein droit, appuyé par de nombreuses ethnographies dans des terrains proches ou lointains et dont le traitement repose sur une visée pluridisciplinaire et comparatiste à l’échelle des sciences humaines. Ce numéro d’Ateliers d’anthropologie réunit quelques contributions récentes de chercheurs sollicités pour interroger et analyser les nuits de leur terrain : terrains aussi lointains que l’arctique canadien et la Mésoamérique, ou territoires proches alimentant la recherche historique comme la sociologie des faits contemporains. Mais comment comparer la pensée inuit qui coud la continuité entre nuit et jour et obscurité et lumière ; le vécu nocturne des femmes dans un univers carcéral ; les nuits mésoaméricaines peuplées d’entités menaçantes ; les nuits qui s’écrivent avec des glyphes et les œuvres qui se jouent dans les théâtres du XVIIe siècle ; les cieux étoilés révélés à leurs fervents adeptes tandis qu’ils sont dérobés aux urbains surexposés à la pollution lumineuse ? Le concept de nocturnité, utilisé par les historiens de la nuit, est un outil qui nous permet d’analyser à la fois les frontières emic de la nuit et du jour, mais également tous les éléments de la nuit qui pénètrent la vie psychique diurne. Le passage d’un imaginaire nocturne vers un monde diurne engage un déplacement progressif des ontologies « lorsque vient la nuit ». De là de nombreuses questions sur la notion de frontière : quelle est la nature de ces déplacements statutaires des êtres et des objets, qui peuvent selon les temps et les cultures constituer des phénomènes de connexion et de continuité, ou de basculement et de rupture ? Comment analyser cette ethnographie du « passage », tantôt inscrivant une opposition entre des mondes complémentaires en rupture l’un avec l’autre, tantôt marquant une continuité par une porosité explicite, ou encore privilégiant des espaces-temps intermédiaires rituellement mesurés ? À partir des croyances et des dispositifs culturels de gestion de la nuit, comment comprendre les ajustements de ce que la nuit transforme et de ce qui transforme la nuit ? Nous posons ici de nouvelles questions sur ce qui en fait un véritable acteur, un « agent très spécial » à l’entrecroisement des dynamiques politiques, économiques et culturelles sous-tendues par une « pensée de la nuit ». Over the past two decades, the seminar “Anthropology of Night” at the Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Paris Nanterre University) has been setting itself the task of establishing night as a field of research in its own right, supported by numerous ethnographies on sites near and far, and approached in a multidisciplinary and comparative way at the scale of the social sciences. This issue of Ateliers d’anthropologie brings together a few recent contributions by researchers who were asked to examine and analyse the nights on their field work site: sites as distant as the Canadian Arctic and Mesoamerica, or nearby territories that provide material for historical research and for the sociology of contemporary life. But how is one to compare Inuit thought that weaves continuity between day and night, dark and light; the nocturnal life of women in a prison world; Mesoamerican nights populated by threatening entities; nights written with glyphs, and works staged in 17th-century theatres; starry skies revealed to their fervent enthusiasts while hidden from urbanites overexposed to light pollution? The concept of nocturnity, used by historians of night, is a tool that enables us to analyse both the emic boundaries of night and day, and also all of the elements of night that penetrate diurnal mental life. The transition from a diurnal imagination towards a nocturnal world, “when night comes”, and vice versa, involves a gradual transformation of ontologies. This raises numerous questions about the notion of boundary: what is the nature of these status shifts by beings and objects that, depending on temporal and cultural context, may constitute phenomena of either connection and continuity, or change and rupture? How should this ethnography of “transition” be analysed—sometimes in terms of an opposition between complementary worlds breaking away from one another, sometimes marking a continuity through an explicit porosity, or even favouring ritually constructed intermediate space-times? Based on beliefs and cultural systems of night management, how can we understand the adjustments of what night transforms and what transforms night? Here we present new hypotheses about what makes it an actor in its own right, a “very special agent” at the intersection between political, economic and cultural dynamics shaped by a genuine “night thought”.

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