Issues de secours. Quand le théâtre portugais s’expatrie pour être vu du public

Abstract 0

La dictature qui a maculé le xxe siècle portugais (1926-1974) a pris des traits particuliers par le biais d’António de Oliveira Salazar et de son État nouveau, qui à partir de 1932 sera obnubilé par la nécessité de contrôle et de surveillance d’une population qui vivra à huis clos durant presque un demi-siècle. Face à un pouvoir réactionnaire qui promeut l’immobilisme, les artistes se débattent entre censure et propagande et disposent d’un espace de création extrêmement limité. Particulièrement surveillée, la scène portugaise a utilisé chaque brèche, chaque interstice de lumière pour inventer de nouveaux horizons. Nous évoquerons les échappatoires trouvées afin de permettre la venue du texte à la scène, car ce n’était pas tant la parole écrite que la parole dite qui était surveillée et empêchée. Il sera question, en particulier, des pièces de José Régio (Jacob e o Anjo, 1952), de Luiz Francisco Rebello (O dia seguinte, 1953) qui n’ont pu voir le jour qu’à Paris et furent soit proscrites, soit ajournées sur les scènes portugaises. L’exemple de Bernardo Santareno, dont presque toute l’œuvre fut interdite au Portugal, permettra d’approcher la véritable situation de stress mêlé de peur que subissent les auteurs. Pour contourner cet univers fermé, l’évasion physique, le départ, furent des stratégies qui se transformèrent en véritables « sorties de secours » qui permirent au théâtre portugais de se montrer sans le regard du censeur.

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