31 mai 2021
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Annie Urbanik-Rizk, « Le vin des pauvres chez les frères Goncourt et Zola », Carnets, ID : 10.4000/carnets.12728
Dans Germinie Lacerteux dont la Préface est le point de départ du naturalisme en 1864, Jules et Edmont de Goncourt évoquent la déchéance et la double vie d’une servante, qui après s’être abîmée en dévotions mystiques, suit, par amour, le chemin de l’alcoolisme et de la débauche hystérique. Zola dans Mes Haines exalte cette apparition du peuple dans le roman dont la physiologie est décrite avec une précision clinique. En 1876, il fait de l’Assommoir, un grand roman social de la misère ouvrière. Faut-il voir dans ces tableaux cyniques du désespoir alcoolique dû à l’amour une stricte vision naturaliste, voire une « bas-fond manie » qui a fait scandale, en ce qu’elle exposait trop crûment les misères et les immoralités du peuple ? Conjuguée au féminin, l’hystérie d’un Eros énergumène et furieux était-elle construite comme description réaliste d’une pathologie, aux antipodes de l’idéalisation romantique de la femme ? Ou bien, faut-il y percevoir une poésie noire, une esthétisation métaphorique de ces fureurs féminines en quête d’absolu aux accents baudelairiens ?