18 décembre 2017
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Susanne Böhmisch, « “Eines ist mir klar: Daß die Weiber auch in der Hypnose lügen”. Mensonge et genre chez Arthur Schnitzler », Cahiers d’études germaniques, ID : 10.4000/ceg.1788
La modernité viennoise est caractérisée par l’inflation d'une sémantique du mensonge, le trouble dans le genre et le retour de théories misogynes sur la nature mensongère et hypocrite de la femme (Nietzsche, Schopenhauer, Möbius, Weininger). Celles-ci ne sont pas exemptes de contradictions, puisqu’elles considèrent le mensonge et la ruse comme la caractéristique du féminin mais maintiennent par ailleurs la thèse du sexe inférieur, alors que le recours au mensonge et à la ruse nécessite plus d’intellect et d’esprit créateur que la sincérité et la véracité. Les textes de Schnitzler font écho aux idées qui circulent à son époque. Nous y rencontrons la revalorisation hédoniste, nietzschéenne du mensonge, ainsi que des dispositifs narratifs mettant en scène la difficulté qu’éprouve l'homme à accorder à la femme le droit de mentir qu’il s’octroie. Avec le mensonge généralisé, le regard masculin perd sa force pénétrante et la femme devient encore plus opaque et moins maîtrisable. De nombreuses figures masculines ont recours au cliché de la nature mensongère de la femme, condamnée moralement, pour tenter de réinscrire leur domination à un moment où celle-ci est menacée. L’objectif de cette contribution est d'apporter un éclairage sur le lien discursif complexe entre l’histoire du mensonge et l’histoire de la différence sexuelle (Derrida) autour de 1900.