Le « savoir-vivre » épistolaire

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18 décembre 2017

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Alain Montandon, « Le « savoir-vivre » épistolaire », Cahiers d’études germaniques, ID : 10.4000/ceg.843


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La diversité des sortes de lettres (d’affaire, d’amour, diplomatique, de réclamation, de civilité, de condoléances, de vœux, etc.) semble indiquer que la notion de « genre épistolaire » fait problème, mais ce qui dans tous les cas régit la civilité épistolaire, dans son fond comme dans sa forme, est l’identité du destinataire et sa représentation. Le destinataire est l’absent, et la lettre le substitut écrit d’un entretien oral. Cette double nature confère un tour singulier à cette communication à distance et a pour conséquence une forte codification du discours, dans sa matérialité comme dans la structure des argumentations. Parcourir les siècles fait mesurer l’évolution des codes épistolaires et du respect qui leur est porté à l’aune de la modification des valeurs dominantes et des interactions sociales. Du xvie au début du xviiie siècle, les secrétaires, initialement venus d’Italie, sont le reflet d’une société hiérarchisée où le respect s’exprime par la distance entre adresse et corps de la lettre. Le modèle français classique de clarté et d’honnêteté s’impose en Allemagne, où Bohse, Hunold ou Neukirch soulignent en outre le « naturel » que doit comporter la « galanterie », un « naturel » éminemment culturel.Vers le milieu du xviiie siècle apparaît avec le modèle anglais une autre idée de naturel (l’épanchement) et une autre fonction de la lettre, devenue à la fois catharsis et tentative de briser une solitude première. Refusant une soumission exagérée (Moritz) ou revendiquant une pensée ordonnée en raison, capable de gouverner l’expression (Stockhausen), France et Allemagne rejettent progressivement le style galant ou convenu, et revendiquent un naturel issu de l’intimité du sujet. Mais le dialogue intime à distance est un commerce entre fantômes, qui renvoie l’épistolier aux siens propres comme à l’absence du destinataire (Kafka).

Aufgrund der Mannigfaltigkeit der Briefsorten (Geschäfts-, Liebes-, Gesandtschafts-, Bittschriften, Beileidsbezeugungen, Glückwunschschreiben usw.) finden manche die Berufsgattung problematisch. Wie dem auch sei, die Briefkultur wird sowohl dem Inhalt als auch der Form nach durch die Identität des Briefempfängers bestimmt, zumindest so wie ihn sich der Briefschreiber vorstellt. Da der Briefempfänger physisch nicht anwesend ist, hat der Brief die Funktion eines Gesprächs. Diese Doppelnatur der geschriebenen Form mit Spuren des Mündlichen führt zu einer Kodifizierung des Diskurses, was die Materialität und die Gedankenführung betrifft.Im Laufe der Jahrhunderte verwandelten sich die Vorschriften und Konventionen je nach der Entwicklung der Leitkultur und der Soziabilität. Vom 16. bis zum Anfang des 18. Jahrhunderts herrscht das italienische Modell vor. Das französische Modell kennzeichnet sich durch Klarheit und Höflichkeit, wobei in Deutschland Bohse, Hunold oder Neukirch das „Natürliche“ preisen, wenn dies der Galanterie gerecht wird. Die Wende tritt um die Mitte des 18. Jahrhunderts ein, als das englische Modell eine andere Vorstellung vom Natürlichen einführt (vgl. Moritz oder Stockhausen).

A wide diversity of types of letter (business, love, diplomatic, complaint, civility, condolences, greetings, etc.) suggests that there is an issue of heterogeneity in the concept of an “epistolary genre”, but in any case, what governs epistolary civility, in both form and substance, is the identity of the recipient and the capacity in which they write. The recipient is absent and the letter is the written substitution for an oral conversation. This dual nature, the written form containing traces of oracy, confers a singular tone to this type of remote communication and, as a result, a powerful codification of discourse both in its materiality and in its argument structure. As one travels through the centuries, the development of epistolary codes and the respect accorded to them is linked to society’s changing values and its social interactions. From the 16th to the early 18th centuries, secretaries, originally hailing from Italy, show us a highly hierarchical society in which, for example, the distance used between the address and the body of the letter is a mark of respect. The classic French form, brilliant in its clarity and honesty, dominates in Germany, where Bohse, Hunold and Neukirch also emphasise the “natural”, which should include the required “gallantry”, a “natural” cultural dimension. Change occurs towards the mid 1800s when the English form ushers in a new idea of the “natural” (effusiveness) and a different role for the letter, now become both a means for catharsis and a tool for assuaging solitude. Refusing an overt subservience (Moritz) and calling for rationality to govern expression (Stockhausen), France and Germany reject the gallant or conventional style and gradually adopt a natural one arising from the intimacy of the subject. But a long-distance, intimate dialogue is an exchange between ghosts, which, in the absence of the recipient, necessarily returns the letter writer to him or herself (Kafka).

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