28 juillet 2021
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Philippe Durey, « La Jeune Grecque de David d’Angers ou le rêve brisé », Les Cahiers de l'École du Louvre, ID : 10.4000/cel.13033
Mal connue en France du fait de la place secondaire de la sculpture vis-à-vis de la peinture dans la conscience culturelle du public contemporain concernant le XIXe siècle, mais aussi de la faible représentation, au Louvre (comme dans la plupart des grands musées de Beaux-Arts) des créations de David, La Jeune Grecque occupe pourtant dans la sculpture française de la première moitié du XIXe siècle une place centrale. Si l’intérêt de David pour Botzaris et la cause grecque, la façon dont il trouva son idée et son attachement à sa statue sont assez bien renseignés, une partie de l’histoire de cette œuvre est restée dans l’ombre : la date exacte de sa réalisation, la connaissance qu’on en eut en France avant son envoi en Grèce, les circonstances de cet envoi, les contacts avec les Grecs, la place de David dans le mouvement philhellène, sa relation sentimentale et phantasmatique avec la Grèce, ses projets d’y partir installer une école de sculpture, et enfin la brutalité de sa déception en 1852. Cet article apporte un éclairage nouveau sur cette œuvre dont l’intérêt est à la fois historique et artistique : non seulement parce que le destin de cette statue raconte un moment des relations entre deux pays, la France et la Grèce, mais aussi parce que cette transplantation ratée – peut-être impossible – d’un artiste déjà consacré est révélatrice du cheminement culturel difficile, long et douloureux d’une jeune nation dans le concert européen de l’époque.