3 novembre 2020
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Anaelle Lahaeye, « De la violence au cadavre : étude d’une mort genrée », Les Cahiers de l'École du Louvre, ID : 10.4000/cel.8242
Allan Edgar Poe écrivait en 1856 : « La mort d’une belle femme est incontestablement le plus poétique sujet du monde ». Si cette affirmation peut paraître étrange de nos jours, elle témoigne de la longue prospérité du motif de la belle morte. Au XIXe siècle, ce dernier inonde les productions culturelles, au point de créer un imaginaire qui essaime aussi bien dans les journaux de mode que sur les cimaises du Salon. Ce succès est d'autant plus surprenant qu’il s'inscrit à contre-courant de l’évolution du reste des œuvres présentant des dépouilles. Or cette persistance est en partie issue de la représentation genrée des cadavres, qui rend le motif propice à l’expression des stéréotypes et de ce qu’ils impliquent concernant différents rapports à la violence. Les belles mortes sont donc un exemple de choix pour questionner la façon dont l’art est à la fois un espace de matérialisation et de dépassement des systèmes de pensée d’une époque.