1 décembre 2021
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Myriam Chopin-Faron, « Écrire le temps au Moyen Âge », reCHERches, ID : 10.4000/cher.4162
Cet article entend comprendre quel rapport les historien·nes entretiennent avec la catégorie du temps. La façon dont Fernand Braudel a abordé cette question dans ses écrits sur la “longue durée” constitue une rupture épistémologique à l’intérieur de la discipline et contribue à modifier les rapports que celle-ci entretient avec les autres sciences humaines et sociales. Le médiéviste Jacques Le Goff s’inscrit dans ce sillon. Il s’agit pour lui de savoir à quelles intentions, à quels besoins répondent les efforts de périodisation des hommes du Moyen Âge. L’historien des premiers siècles veut avant tout situer les événements dans le temps chrétien. Son souci est de ramener le temps humain à une conception chrétienne : celle d’un temps qui a son origine, sa création, par Dieu avec une coupure essentielle : l’incarnation et ce temps se déroule selon un sens, il est orienté vers une fin. Toutefois à partir du xiie siècle, naît une historiographie d’un nouveau genre, en lien avec les croisades. On passe alors à une pratique d’une histoire écrite bien souvent par des acteurs et/ou témoins – ou par un mémorialiste, ce qui sous-tend une nouvelle périodisation : celle des évènements dont il a été témoin et l’histoire des croisés dans un temps biblique. Comment réunir temps des hommes et temps sacré ? Aux xiiie et xive siècles dans un contexte, de construction des États, les rois favorisent les œuvres qui ont pour but d’organiser le temps de l’histoire selon leur règne. Puis dans les derniers siècles du Moyen Âge, les villes d’Occident deviennent des lieux de production de très nombreuses chroniques et journaux urbains. Le temps s’écrit à l’échelle de la ville depuis ses origines. Il s’agit donc de repérer les effets de mémoire et d’historicité, en bref les normes d’organisation et de conception du temps qui révèlent à leur manière l’intention idéologique d’une œuvre.