10 avril 2015
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Jérôme Bourgon et al., « Figures of Deterrence in Late Imperial China. Frequency, Spatial Repartition, and Types of Crimes Targeted by Dismemberment under the Qing Dynasty », Crime, Histoire & Sociétés, ID : 10.4000/chs.1487
Quoique l’empire chinois ait employé un système de codification juridique sophistiqué pendant des siècles, on a très rarement tenté d’en mesurer l’impact sur la société. La numérisation offre la possibilité de collecter des données à une échelle suffisante pour évaluer les pratiques pénales. Cette recherche constitue l’esquisse de recherches futures, et se limite aux exécutions par démembrement (lingchi), forme la plus dissuasive de la peine de mort, car elle est la mieux documentée et la plus aisée à retrouver dans les archives. Une base de données d’environ 1 140 sentences de lingchi exécutées sur environ 260 ans sous la dynastie des Qing permet l’examen statistique de la fréquence, de l’évolution dans le temps, de la répartition géographique et de la nature des crimes concernés. Initialement, cette peine visait les crimes contre l’État tels que la rébellion ou le brigandage, mais nos données montrent que le lingchi fut employé de manière croissante pour conforter la hiérarchie interne à la famille, en visant les enfants indignes et les épouses meurtrières. Plutôt que l’arme rudimentaire servant à écraser les soulèvements souvent décrite par les historiens, le lingchi constituait un dispositif sophistiqué de soutien d’un projet confucéen complexe.