2 octobre 2015
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0009-8140
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2032-0442
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Anne-Marie Losonczy, « « Arpenter la patrie retrouvée » », Civilisations, ID : 10.4000/civilisations.3758
Au cours des dernières décennies, la Seconde Guerre mondiale et la Shoah ont acquis dans la politique mémorielle et scolaire des pays de l’Europe de l’Ouest le statut d’un patrimoine mémoriel commun européen et même euro-américain. Au contraire, en Europe centrale et orientale, le tourisme mémoriel postcommuniste vers les lieux de vie d’avant les déplacements forcés ou les déportations communistes participe bien plus d’un processus de recomposition des frontières identitaires et ethniques entre groupes et sociétés brutalement éparpillés ou téléscopés ensemble par la répression communiste. Ce texte analyse deux formes récentes de tourisme mémoriel à destination de la région frontalière de Transcarpathie en Ukraine occidentale, superposant la mémoire de plusieurs expériences de la violence et du déracinement au cours du 20ème siècle. Ces pratiques dessinent des figures diversement symbolisées du « pays perdu et retrouvé » et articulent différents modes et échelles de commémoration, et de recomposition des frontières culturelles entre le ‘soi’, identitaire du touriste en quête de racines, par la découverte déconcertante du ‘soi-autre’ représenté par l’hôte, compatriote ethnique citoyen mais porteur d’un passé différent et citoyen d’un autre état.