11 septembre 2018
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Olivia Legrip-Randriambelo, « Bien boire, mal boire. Regards sur l’ivresse des guérisseurs malgaches », Civilisations, ID : 10.4000/civilisations.4281
La consommation de rhums artisanaux, industriels et/ou de bières est un invariant des rituels de soins engagés par les devins-guérisseurs malgaches, qu’ils soient possédés par des esprits ou non. Cet article propose de s’intéresser aux regards que posent les patients sur l’ivresse, et au contraire, sur la résistance à la consommation d’alcool de leur thérapeute. J’aborderai ainsi le « bien boire » avec le cas d’une possédée réputée pour son absence d’ébriété lors de rituels pourtant fortement alcoolisés, et le « mal boire » avec l’exemple d’un devin-guérisseur, buvant démesurément, et dont les patients déprécient alors les compétences. Autrement dit, il sera question, à partir du discours des pratiquants, de la manière dont les compétences sont proportionnelles à la quantité d’alcool ingéré et à la maîtrise de soi. La consommation d’alcool rituel oscille ici entre une gageure de puissance magico-religieuse et une dépendance néfaste au rituel de soin. Ainsi, l’alcool trouve sa place dans le rituel et justifie son aspect magico-religieux mais peut également le conduire à l’échec : en effet, la démesure liée à la consommation d’alcool n’est autorisée que dans la limite de l’activité rituelle, dans la mesure rituelle. L’action rituelle est alors l’unique contexte légitime de son usage.