16 juillet 2019
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Seiko Suzuki, « Gagaku, Music of the Empire:Tanabe Hisao and musical heritage as national identity », Cipango - French Journal of Japanese Studies, ID : 10.4000/cjs.1268
Au début du xxe siècle, Tanabe Hisao (1883‑1984), premier musicologue japonais, a élaboré une histoire de la musique japonaise dans laquelle le gagaku était présenté comme une musique originale non seulement du Japon, mais aussi de tous les pays asiatiques. Cette notion du gagaku s’accorde avec l’idéologie impériale et coloniale avant‑guerre et reste présente jusqu’à nos jours. C’est, par exemple, la décision du ministère japonais de l’Éducation de désigner le gagaku joué par les musiciens de cour du département de Musique de l’Agence impériale comme « bien culturel immatériel important » le 12 mai 1955, qui permet au Japon d’oublier l’histoire de la colonisation musicale au profit d’une relecture plus positive. Le gagaku est alors décrit comme vestige culturel du « continent asiatique », ce dernier terme se substituant à celui très marqué de « Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale » des années 1940.