11 octobre 2018
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Sophie Wahnich, « L’amour de la patrie a-t-il un genre ? Les émotions révolutionnaires mal partagées de 1790 à 1795 », Clio. Femmes, Genre, Histoire, ID : 10.4000/clio.14089
Face aux nouveaux désirs des femmes, le rappel à l’ordre par les hommes au pouvoir a été constant. Les femmes sont vite sommées de rester à leur place d’épouses, de mères de famille et de maintenir leur supposé penchant de douceur pour qu’il agisse au foyer. Au mieux, elles doivent transmettre l’amour de la patrie à leurs enfants, le goût de l’héroïsme à leurs fils. La pensée, puis l’expérience d’un brouillage des affects et des places produisent l’affolement des hommes. Pour que les guerrières et les furies ne surgissent plus il est attendu des hommes qu’ils soient capables de retenir les pulsions féminines, de les lier entre elles afin de maintenir ladite douceur. C’est pourquoi les émotions ont un genre ou peuvent faire mauvais genre, symptômes de l’attente politique différenciée à l’égard des hommes et des femmes, des riches et des pauvres, des lettré.e.s et des peu lettré.e.s, symptômes également de la dissonance entre la prescription, la revendication et le vécu émotionnel pour chacun et chacune dans un contexte où tous les possible se sont ouverts.