L'état d'urgence en permanence (1)

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8 juillet 2019

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Didier Bigo et al., « L'état d'urgence en permanence (1) », Cultures & conflits, ID : 10.4000/conflits.20480


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La proclamation de l’état d’urgence, dans les heures qui ont suivi les attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015, et ses prorogations successives jusqu’au 1er novembre 2017 constituent un terrain privilégié pour approfondir la réflexion sur le fonctionnement du pouvoir dans les démocraties libérales. Cet épisode n’est en effet pas aussi unique, aussi exceptionnel que certains voudraient le croire. Le recours à l’état d’urgence, sous une forme ou une autre, apparaît au contraire assez fréquent dans des pays, sous des régimes politiques et à des époques différentes. Pour autant, il ne se confond pas avec une théorie de l’État d’exception qui ferait presque automatiquement glisser les démocraties vers un régime autre, qu’on l’appelle autoritarisme, totalitarisme ou démocratie illibérale. Penser l’urgence comme une série de techniques de gouvernement, s’articulant avec les mécanismes de suspicion, d’anticipation, « d’administrativisation » de ce qui fut judiciaire, permet ainsi de dresser l’inventaire de ses modalités pratiques, de ses rationalités juridiques, politiques et sociales et de reconstituer son histoire. L’ambition de ce numéro de Cultures & Conflits est donc de consacrer au sujet de l’état d’urgence toute la place qu’il mérite. Mobilisant des juristes, des politistes et des historiens, il entend croiser les regards dans l’espace et dans le temps sur les dispositifs utilisés pour faire face à des troubles sociaux, à la violence politique, voire aux catastrophes naturelles. The declaration of a state of emergency in the hours that followed the November 2015 Paris and its successive extension until November 1, 2017 constitute a privileged terrain from which to deepen reflection on how power functions in liberal democracies. This episode is not as unique or exceptional as some would like to believe. On the contrary, the resort to a state of emergency, in one form or another, occurs rather frequently in countries characterized by different political regimes across time. Yet, the notion of a state of emergency as a mode of governing should not be confused with the concept of a state of exception which almost automatically push democracies towards other types of political regimes, such as what are referred to as authoritarianism, totalitarianism, and illiberal democracy. Instead, we propose to think about emergency as a series of techniques of government that connects mechanisms of suspicion and anticipation alongside the “administrativization” of legal instruments. In doing so, we are able to draw up an inventory of a state of emergency’s practical modalities, of its legal, political, and social rationalities whilst reconstructing its history. Thus, the aim of this Cultures & Conflits special issue is to give the state of emergency, as a scholarly object, the attention that it deserves. Bringing together legal experts, political scientists, and historians, this issue unites diverse temporal and spatial perspectives on dispositives used to tackle social unrest, political violence, and even natural disasters.

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