28 octobre 2021
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Elizabeth Bernstein, « La politique carcérale comme justice de genre ? », Cultures & conflits, ID : 10.4000/conflits.22995
Le présent article s’appuie sur des travaux récents en sociologie, jurisprudence et théorie féministe pour évaluer de quelle manière le féminisme, et plus généralement le sexe et le genre, en sont venus à être fortement associés aux thématiques punitives dans la politique étasunienne (et par extension mondiale) contemporaine. En fusionnant les discussions théoriques existantes sur les tendances pénales avec les conclusions de ma propre recherche ethnographique sur le mouvement anti-traite contemporain aux USA – sphère de l’activisme féministe ayant vu le plus récemment la perspective pénaliste prendre le pas sur les autres modèles possibles de justice sociale – j’explore les différentes façons dont le néolibéralisme et le traitement politique du genre et du sexe ont produit de concert un virage carcéral au sein de mouvements militants auparavant structurés autour de luttes pour la justice économique et la libération personnelle. Abordant le mouvement anti-traite comme une étude de cas, je démontre en outre comment le discours sur les droits humains a servi à véhiculer non seulement une transnationalisation des politiques carcérales, mais aussi une résurgence de celles-ci sur le plan domestique, sous des dehors bienveillants et féministes. Je conclus en appelant les analyses généralistes des modes de châtiment contemporains à porter une attention plus grande et plus nuancée au fonctionnement des politiques de genre et de sexe, et les débats féministes autour du genre, de la sexualité et du droit à travailler sérieusement la question de l’État carcéral néolibéral.