15 février 2021
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Marie Chandelier, « Envisager la production de sens à travers la cooccurrence : la représentation médiatique de l’éleveur dans le contexte du retour du loup », Corpus, ID : 10.4000/corpus.6035
En Europe, la recolonisation progressive des territoires par les grands carnivores, espèces protégées, fait l’objet de conflits virulents notamment dus à l’impact des actes de prédation sur les activités d’élevage. Les conflits provoqués par le retour du loup en France ont été abondamment relayés par la presse et ont ainsi été diffusés auprès d’un public élargi. À travers une mobilisation conjointe de méthodes de la lexicométrie et de l’analyse du discours, nous avons étudié l’évolution de l’image médiatique de l’éleveur dans la presse régionale (Nice-Matin) et nationale (Le Monde) entre 1993 – date de première médiatisation du retour du loup – et 2014. Notre recherche témoigne d’une construction axiologique de cet acteur dans les deux quotidiens considérés. Tout au long de la période, Nice-Matin opère une légitimation de l’éleveur à travers la valorisation de son témoignage et de la profession qu’il exerce. La posture du quotidien national évolue quant à elle au cours du temps. Les premières années (1993-1999) sont marquées par un discours évaluant négativement la parole de l’éleveur et favorisant l’expertise institutionnelle. À partir du début des années 2000, marquées d’un point de vue institutionnel par l’autorisation de tirs de prélèvement dérogatoires de loups, Le Monde établit progressivement une image positive de l’éleveur et développe un discours empathique proche de celui de la presse régionale. En 2012, la publication d’un éditorial en faveur de la politique de régulation du loup inscrit explicitement un rapprochement entre les postures du journal et de l’institution.