« Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus » : la puissance du passé et le malheur de l’existence chez Schelling et chez Proust

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« Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus » : cette formule que l’on trouve dans Le Temps retrouvé fait signe vers deux aspects qui m’ont semblé majeurs dans la conception proustienne de l’incursion du passé dans le présent : l’idée que cette dernière suppose que le passé soit d’abord séparé du présent par l’oubli, et l’idée qu’elle suscite non pas la nostalgie mais une félicité qui, quoique fort féconde, est cerné de tristesse. Je me propose de mettre ces deux idées en perspective avec deux thèses métaphysiques de Schelling : celle de la séparation du passé absolu vis-à-vis du présent et celle du malheur de l’être ou de l’existence.

« Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus » : this sentence of Le Temps retrouvé refers to two aspects that seemed to me to be major in the Proust’s conception of the incursion of the past into the present: the idea that this incursion supposes that the past is first separated from the present by oblivion, and the idea that it arouses not nostalgia but a felicity which, although very fertile, is surrounded by sadness. I propose to put these two ideas into perspective with two Schelling’s metaphysical thesis: the separation of the absolute past from the present and the misfortune of being or existence.