24 avril 2019
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Clément Layet, « L’outil de la division », Cahiers de philosophie de l’université de Caen, ID : 10.4000/cpuc.298
Après la mort de Paul Celan, fut découverte parmi ses manuscrits une phrase destinée à Martin Heidegger consistant à interpréter son « attitude » comme une cause d’affaiblissement du poétique et du pensif. Même si les circonstances d’écriture n’en sont pas connues, ce texte doit être lu comme un acte de résistance. Sa lecture conduit à réfléchir au risque de fermeture sur soi auquel s’expose Heidegger à partir de 1935 en déterminant la relation entre l’art et la vérité de façon circulaire. Ce mode de fondation semble échapper à la perspective métaphysique parce qu’il ne se réduit pas à la position principielle d’un étant. Mais en considérant ce double conditionnement comme la source unique de l’histoire, Heidegger tend à reproduire le geste métaphysique jusque dans la pensée de l’Ereignis. Cette tendance pourrait contribuer à expliquer son aveuglement devant la réalité du nazisme et la persistance de son déni politique et moral après la guerre. Il est d’autant plus paradoxal qu’il se soit appuyé sur la parole de Hölderlin que celui-ci avait mis en garde contre toute interprétation hégémonique de la relation.