31 janvier 2018
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Nicolas Detry, « Le « patrimoine martyr » », Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, ID : 10.4000/crau.395
La restauration des monuments historiques après 1945 s’appuie sur l’acceptation ou le refus du drame de la perte. En Europe elle se développe selon trois grandes périodes que j’ai identifiées (1945-1972 ; 1973-1989 ; 1990-2015). En France, contrairement à l’Allemagne ou à l’Italie, l’historiographie en architecture s’est encore peu occupée de l’histoire de la restauration post-bellica : les monuments historiques détruits par la guerre et ensuite progressivement restaurés. Il s’agit d’étudier dans divers contextes (Allemagne, France, Italie, ex-Yougoslavie...) les pratiques de restauration lorsque la paix revient. Si, les ferments de la restauration (œuvres d’art et d’architecture), au sens actuel et « moderne » du terme sont identifiables dès les années 1930, c’est bien l’immense chantier de la restauration post-bellica qui va faire avancer considérablement la discipline. C’est alors que sont élaborées des méthodes, des techniques et des théories toujours valides aujourd’hui. Je soutiens l’idée que ce chantier est un laboratoire européen au sein duquel travaille une forme de « collège invisible », centré autour de quelques grands experts internationaux. Les acteurs de ce chantier confrontent leurs expériences et leurs points de vue (architectes, historiens de l’art, archéologues, scientifiques, laboratoires de recherche, universités, pouvoirs politiques, musées, surintendances, églises, organisations internationales...). L’Italie est alors au centre de ce « collège invisible ».