30 avril 2019
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Aurélie Sanson, « Les figures de l’étranger dans les Mémoires de Saint-Simon : comment peut-on être étranger à la cour ? », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, ID : 10.4000/crcv.17749
Saint-Simon livre dans ses Mémoires des éléments permettant de comprendre non seulement sa perception de l’étranger, mais aussi la place des étrangers à la cour de France à la fin du Grand Siècle. L’analyse du champ sémantique de l’extranéité utilisé par l’auteur met en lumière une conception de l’étranger propre au monde curial, fondée davantage sur la notion de souveraineté que sur celle de provenance. L’étranger prend le plus souvent le visage des diplomates ou des princes en visite, qui, inclus dans le cérémonial de la cour, y occupent cependant une position à la marge, matérialisée par l’étiquette. En revanche, le service pour les hommes et le mariage pour les princesses enclenchent un processus de naturalisation informelle de ces étrangers installés en France, parachevé par l’intériorisation des codes de la cour. Ce faisant, Saint-Simon inscrit l’intégration des étrangers venus d’ailleurs dans une dynamique propre à la société de cour, avec, pour corollaire l’effacement des caractères liés à l’extranéité et l’affirmation d’un cosmopolitisme reposant sur une identité curiale européenne.